Compétition de loconaphte

Commpétition de loconaphte

Carbûr était assis dans la tente qui lui avait été dévolue. Il fixait avec extase son reflet dans un miroir grossièrement poli. Qu’il avait fière allure dans ce costume en peau de rat. Il se redressa pour vérifier que toutes ses attaches étaient bien fixées puis s’empara de ses gants en cuir noir. Il les passa à ses mains avec toute la douceur que l’on met pour s’emparer de babioles sacrées.
Que de chemin avait été parcouru depuis qu’il avait vu cette étrange machine s’écraser dans son salon après avoir détruit le mur qui donnait sur la rue. La colère n’avait pas été son premier sentiment. Il aurait pu s’en prendre à son occupant…si ce dernier n’avait pas perdu la vie dans l’accident. Au contraire, il avait souri. Ce coup du sort était ce à quoi il avait aspiré toute sa vie : manier une machine qui bougeait sans rat pour la guider.

Un son discordant retentit soudain, tirant le jeune gobelin de sa rêverie. Il prit son casque, posé non loin de lui et le maintint sous le bras. Ce casque était une véritable relique. Esthétiquement, il était mité et n’offrait sans doute aucune protection. Moralement, il était lourd de sens. Ce casque, Carbûr l’avait ôté de la tête de son propriétaire, celui qui était passé à travers son salon.

Lorsqu’il sortit de sa tente, le bruit familier de la foule en délire l’accueillit. Les gobelins de tout Klûne, ou du moins ceux qui n’avaient rien d’autre à faire, s’étaient rassemblés dans les gradins que l’on avait édifié de part et d’autre d’une rue boueuse. Une masse incroyable de créatures trépidantes se massait sur deux vastes structures de bois branlantes. Des vivats, des cris de liesse montaient des rangs auxquels les vociférations des parieurs postés aux pieds des édifices donnaient un contre point tout aussi bruyant et cacophonique. Enfin, les annonceurs achevaient de donner au lieu son ambiance assourdissante, lorsque l’orchestre reprenait son souffle avant d’attaquer une nouvelle série de notes stridentes sans se soucier de la mélodie.

- …championnat de No Dan Kar !

Les cris des annonceurs ne parvenaient toutefois pas à surpasser les hurlements de la foule, auxquels se joignirent bientôt les toussotements puis le vrombissement des moteurs des machines alignées sur la grille de départ.

Carbûr se dirigea vers son Loconaphte. C’était une machine propulsée par un carburateur dont le poste de pilotage était enchâssé dans une vaste roue dentée. Un second cercle maintenu par des glissières de sécurité permettait au poste de navigation de maintenir son assiette.

simpa l'histoire j'espère que tu mettra la suite

Sublime. Très goblinesque. Seul bémol: tu reprends le concept de la machine publié dans le cry havoc. J'attends la suite avec impatience.

Mais quel idiot: je ne sais pourquoi l'histoire a été tronquée...

désolé Je reposte l'histoire complète.

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Course de Loconaphte

Carbûr était assis dans la tente qui lui avait été dévolue. Il fixait avec extase son reflet dans un miroir grossièrement poli. Qu’il avait fière allure dans ce costume en peau de rat. Il se redressa pour vérifier que toutes ses attaches étaient bien fixées puis s’empara de ses gants en cuir noir. Il les passa à ses mains avec toute la douceur que l’on met pour s’emparer de babioles sacrées.

Que de chemin avait été parcouru depuis qu’il avait vu cette étrange machine s’écraser dans son salon après avoir détruit le mur qui donnait sur la rue. La colère n’avait pas été son premier sentiment. Il aurait pu s’en prendre à son occupant…si ce dernier n’avait pas perdu la vie dans l’accident. Au contraire, il avait souri. Ce coup du sort était ce à quoi il avait aspiré toute sa vie : manier une machine qui bougeait sans rat pour la guider.

Un son discordant retentit soudain, tirant le jeune gobelin de sa rêverie. Il prit son casque, posé non loin de lui et le maintint sous le bras. Ce casque était une véritable relique. Esthétiquement, il était mité et n’offrait sans doute aucune protection. Moralement, il était lourd de sens. Ce casque, Carbûr l’avait ôté de la tête de son propriétaire, celui qui était passé à travers son salon. Il ne l’avait même pas lavé. Le demi dieu qui s’était écrasé dans son salon ne lui aurait certainement pas pardonné !

Lorsqu’il sortit de sa tente, le bruit familier de la foule en délire l’accueillit. Les gobelins de tout Klûne, ou du moins ceux qui n’avaient rien d’autre à faire, s’étaient rassemblés dans les gradins que l’on avait édifié de part et d’autre d’une rue boueuse. Une masse incroyable de créatures trépidantes se massait sur deux vastes structures de bois branlantes. Des vivats, des cris de liesse montaient des rangs auxquels les vociférations des parieurs postés aux pieds des édifices donnaient un contre point tout aussi bruyant et cacophonique. Enfin, les annonceurs achevaient de donner au lieu son ambiance assourdissante, lorsque l’orchestre reprenait son souffle avant d’attaquer une nouvelle série de notes stridentes sans se soucier de la mélodie.

- …championnat de No Dan Kar !

Les cris des annonceurs ne parvenaient toutefois pas à surpasser les hurlements de la foule, auxquels se joignirent bientôt les toussotements puis le vrombissement des moteurs des machines alignées sur la grille de départ.

Carbûr se dirigea vers son loconaphte. C’était une machine propulsée par un carburateur dont le poste de pilotage était enchâssé dans une vaste roue dentée. Un second cercle maintenu par des glissières de sécurité permettait au poste de navigation de maintenir son assiette. Bien sûr, l’engin n’était pas tout à fait stable et plus d’un occupant avait été broyé par la roue au moment où le poste de pilotage avait décidé de poursuivre sa route seul. Cependant, ces funestes accidents ne parvenaient à entamer le moral de Carbûr. Après tout, c’était grâce à l’un d’eux qu’il avait découvert sa vocation.

Le pilote s’approcha de l’équipe de gniards qui peignaient une série de flammes d’un rouge criard sur les flancs du poste de pilotage, les bouscula et prit sa place aux commandes. Le toucher était rugueux et l’odeur de cambouis et de moteur tout aussi agressive. En effet, pour améliorer la stabilité de l’engin, les ingénieurs avaient décidé que l’échappement des gaz nocifs se ferait par des tuyaux courts. Ce qui avait pour résultat d’enfumer les pilotes. De toute façon, aucun ne vivait assez vieux pour mourir des conséquences des émanations toxiques…les accidents arrivant si vite.

Un pilote voisin apostropha le jeune gobelin.

- Jamais tu ne franchiras la ligne d’arrivée, lui hurla-t-il, le visage noirci par les fumées.
- C’est ce que l’on verra, Stéroyde. Je connais toutes tes manœuvres. Jamais tu ne m’auras !

Carbûr connaissait ce personnage de sinistre réputation. Un tricheur invétéré, capable de faire s’écraser les concurrents pour grappiller quelques places. Il ne l’aimait pas et c’était réciproque.

- Tu m’as l’air bien sûr de toi. Si tu es aussi confiant dans tes capacités, que dirais-tu d’un petit pari ?
- Les pilotes n’ont pas le droit de parier, tu le sais bien.
- Comme ils n’ont pas le droit de se doper. Et pourtant, tu m’as l’air assez bien pourvu en seringues !

Carbûr se sentit acculé. Il avait fait comme tous les pilotes. Il fallait un temps de réaction inhumain pour pouvoir piloter ces engins. Tous prenaient des doses de mutagènes venues de l’empire du scorpion pour améliorer leurs compétences. Mais une loi interdisait ces méthodes, les syhars ayant refusé de payer les taxes d’importation de leurs produits. Depuis, tout gobelin pris sur le fait et incapable de corrompre le fonctionnaire qui le verbalisait était sévèrement condamné. Stéroyde pouvait le dénoncer à tout moment. Il fallait donc entrer dans son jeu pour éviter qu’il ne le vende aux autorités incompétentes.

- C’est d’accord. Je parie 1000 klûs que j’arrive avant toi.
- Tu joues petit, persifla l’autre. Aurais-tu peur de perdre ? Parions nos machines. Ca te convient ?
- Entendu, vielle limace, convint Carbûr après un temps de réflexion.

La voix des annonceurs résonna au dessus des gradins. Le départ était imminent. Les moteurs vrombirent de plus belles, tandis que les gniards porte-drapeaux s’écartaient prestement de la ligne de départ.

- Carbûr, tu devrais bien ajuster tes lunettes, au cas où la fumée de mon engin t’aveuglerait, conseilla son rival, un sourire peu engageant se peignant sur son visage.

Les insultes de l’intéressé se perdirent dans le fracas assourdissant des moteurs. Le signal venait d’être donné. Tous les loconaphtes s’élancèrent dans un bel ensemble joyeusement pétaradant.

Le vent fouettait le visage de Carbûr. Il charriait les odeurs de naphte consumé, de fumée, de poisson et de boue. Un mélange assez nauséabond. Il faillit renvoyer son petit déjeuner tant l’odeur était insupportable.

Il rattrapa un concurrent. Les deux bolides étaient l’un derrière l’autre. Celui qui était en tête faisait de son possible pour ne pas se laisser dépasser. Il virait à droite, à gauche, opposant sa carcasse métallique à Carbûr lorsque celui-ci se déportait. Finalement, lassé, le pilote de l’engin de tête actionna une manivelle. Un flot de gaz s’échappa d’un second tuyau d’échappement, aveuglant l’infortuné candidat. Le nuage était tenace. Il ne se dissipa qu’au moment où le véhicule s’apprêtait à rentrer dans un mur, déserté par les spectateurs qui avaient fui en entendant le bruit de l’engin qui semblait foncer sur eux.. Carbûr fit violemment tourner le guidon pour éviter l’obstacle. La roue dentée raya les pierres, tandis que le véhicule fit une embardée avant de s’allonger sur le côté.

Sans perdre un instant, Carbûr redressa l’appareil et redémarra. Distancé par ses concurrents, il accéléra dangereusement. Il avait suffisamment perdu de temps. Il sentait que la colère lui faisait pousser des ailes. Bien vite, le décor se réduisit à une succession de lignes floues, imprécises.

Le circuit était semé d’embûches, de détours, de croisements, de piétons non avertis. Il passait en effet dans les rues des faubourgs de Klûne, au grand dam des habitants. Pourtant, Cabûr parvenait à éviter tous les obstacles…ou presque. Il faucha deux gniards qui n’avaient pu se mettre à l’abri et renversé un étal de légumes. Il n’était pourtant pas le seul à semer le chaos, comme l’attestaient les cadavres écrasés qui jonchaient la rue, de même que les visages furieux des passants qui devaient s’écarter sur le passage des bruyants bolides.

Il parvint de nouveau à rattraper son dernier adversaire. Tricher étant légal, il appuya sur un bouton rouge installé au milieu de son tableau de bord. Aussitôt, une rafale de plombs désintégra le moteur de son adversaire. Le pilote perdit le contrôle de son engin au moment où celui-ci explosa. Il fut propulsé à une vitesse inimaginable et s’écarta de la route pour terminer sa course dans un étang boueux.

- Ces fusils à naphte étaient chers, mais très utiles, jubila Carbûr en dépassant la carcasse couverte de boue et son occupant occupé à le maudire sur une centaine de générations.

Cabûr sentit l’adrénaline montrer en lui.

- Pas trop tôt, murmura-t-il. Une heure pour que les seringues fassent effet !

Il poussa son véhicule aux limites de ce qu’il pouvait endurer et dépassa ses concurrents les uns après les autres par des manœuvres plus audacieuses les unes que les autres. De temps en temps, il évitait des morceaux de métal, témoins de l’accident d’un des engins participant à la course.

Il parvint en vue de son rival, Stéroyde. Ce dernier maniait son véhicule d’une main de maître. Il parvenait à éviter tous les obstacles. Pourtant, il fonçait comme si les hordes d’achéron le poursuivaient. Il dut s’aviser de la présence d’un concurrent car un épais flot de liquide noirâtre s’échappa de son véhicule. Carbûr l’évita au dernier moment. Lorsqu’il regarda derrière lui, par réflexe, il vit un des concurrents perdre le contrôle de l’engin. Celui-ci pivota d’un quart de tour. Il perdit l’adhérence et buta contre un tonneau qui avait roulé au centre de la route. Le véhicule tournoya sur lui-même comme une toupie. Le passager fit un vol plané qui se termina par une rencontre violente avec un mur. Un autre engin fut balayé par la toupie devenue folle tandis qu’un second ne dût son salut qu’à une poutre encore debout. L’engin incontrôlable fut détourné par cet obstacle providentiel. Cependant, le pilote dut perdre de vue la route car il s’encastra dans une droguerie.

Carbûr détourna son regard de la scène et se concentra sur son ennemi. Ils furent bientôt côte à côte. Les deux pilotes se jetaient des regards noirs, chargés de haine. Tous deux tentaient par des embardées contrôlées de précipiter l’autre dans le décor. Les deux anneaux se heurtaient en projetant de nombreuses étincelles. Les glissières, en bois, prirent soudain feu. Deux anneaux enflammés traversaient à présent les ruelles de Klûne.

Voyant qu’il n’était pas possible d’emporter la victoire sur Carbûr, Stéroyde dégaina un pistolet et ouvrit le feu. La balle perfora une conduite de naphte. Le liquide poisseux s’enflamma au contact de la roue. Sans prendre le temps de réfléchir, Carbûr sauta sur le véhicule de son ennemi et tenta d’en extirper son conducteur, tandis que, privé de pilote, sa machine s’écrasait contre un mur. L’explosion fut violente et l’incendie qui s’ensuivit tout autant.

- Tu n’as plus de véhicule, tu as perdu, grimaça le pilote qui tentait de s’accrocher à son siège tout en maintenant la trajectoire de l’engin.
- Les règles sont formelles, c’est le pilote qui doit traverser la ligne, pas forcément l’engin.

La lutte redoubla de violence. Carbûr planta ses dents aiguisées dans les flancs de son ennemi. Celui-ci hurla mais tint bon. Il trouva même l’opportunité de décocher un coup de pied à l’intrus. Celui-ci s’accrocha au tuyau d’échappement tribord et racla le sol avec ses pieds. L’engin se déporta sur sa droite. A son bord, Stéroyde tentait de maintenir l’assiette, mais on pouvait deviner à son air tendu que la manœuvre n’était pas aisée.

De son côté, Carbûr parvint à remonter le long du tuyau et à reprendre prise sur le poste de pilotage. Il empoigna son adversaire. Sa force était décuplée par sa fureur et les stéroïdes qu’il avait pris peu avant la course. Il n’était pas conscient du danger qui existait lorsque l’on retirait un pilote de son poste. L’adrénaline syhare avait cet effet désinhibant. Carbûr parvint alors à éjecter son rival.

Il prit les commandes et rétablit une trajectoire convenable. L’engin se pilotait moins facilement que le sien, mais au moins pouvait-il finir la course. Il rattrapa un concurrent qui avait profité de leur lutte pour les dépasser. Lorsqu’il fut à hauteur de l’arrière du véhicule, il pencha son engin enflammé sur la gauche et frappa la carrosserie. Déséquilibrée par le choc, la machine chuta, laissant le champ libre à Carbûr.

Le terrain se dégagea et bientôt les gradins apparurent. Poursuivant seul en tête, Carbûr franchit la ligne d’arrivée sous les huées de ceux qui avaient parié contre lui. Même les annonceurs scandaient son nom avec une joie feinte. Eux aussi avaient sans doute parié sur le loconaphte de Stéroyde.

Ses rêves de gloire venaient de se concrétiser. Il allait enfin monter sur un podium et surtout toucher la somptueuse prime qui allait avec.

Une haie de supporters de Stéroyde s’ouvrit sur le chemin de Carbûr grâce aux miliciens de Klûne, à grand renforts de coups de masse. Il était si fier de lui. Deux officiels en habits d’apparat l’attendaient, la coupe était à leurs pieds. Un gobelin vêtu d’une blouse brune et d’un masque à gaz pendu à son cou surgit de la foule.

- Monsieur Carbûr. Contrôle anti-dopage.

Je n'ai rien a ajouter..

Maintenant si: à quand une nouvelle histoire?